Maladies chroniques et psychologie

Auteurs(s) : Goodpsy

Les maladies chroniques (cancers, cardipopathies, diabètes, affections respiratoires chroniques, ...) affectent plus de 420 millions de personnes dans le monde (OMS) et plus de 20 millions de personnes en France, dont un grand nombre sont également atteints de troubles psychologiques, notamment d'anxiété et de dépression.  

 

La chronicité de la maladie, un facteur d'érosion de l'état psychologique 

 

Tout Être vivant est confronté de nombreuses fois au cours de son existence à la maladie. Celle-ci altère plus ou moins son état de Santé en fonction de nombreux facteurs.

Lorsque la maladie est aigu et bénigne, elle est aisément surmontable avec du repos, un peu de patience et au besoin un traitement prescrit par le médecin généraliste. Il est rare dans ces circonstances que l'état psychologique s'en trouve beaucoup affecté, et ce d'autant plus que la durée de la maladie et la convalescence sont courtes.

Mais, lorsque la maladie s'installe dans l'organisme, qu'elle devient chronique et qu'il n'est plus possible de s'en remettre au temps, en prenant son mal en patience pour espérer une guérison, la maladie ne fait plus partie du processus de vie : elle est ce qui le perturbe, ce qui l'empêche, ce qui l'interrompt, ce qui l'écourte. Elle est une ombre jetée sur un avenir possible et désiré, une contrainte et une douleur qui suspendent le temps présent, une source de remords et de regrets. Elle est une « défaillance corporelle » impensable, inopinée, insidieuse. Un « ennemi » qui s'est emparé d'un corps où il n'avait pas sa place et contre lequel il va falloir se battre quotidiennement dans l'espoir de gagner quelques batailles cruciales... mais sans l’assurance de remporter la victoire finale... De telles circonstances affectent tôt ou tard l'état psychologique de la personne concernée, et il n'est pas rare que cette dernière s'effondre dès l'annonce du diagnostic de la maladie.

 

L'annonce d’une maladie chronique, un choc difficile à surmonter

 

La première épreuve est bien souvent directement liée au choc émotionnel consécutif à l'annonce de la maladie, à son niveau de gravité et à son caractère chronique, c'est-à-dire au fait que la personne apprend que non seulement elle est malade, mais qu'elle va devoir "vivre avec" sa maladie et suivre un traitement de longue durée... peut-être même jusqu'à la fin de sa vie... et que malgré ce traitement, parfois lourd et complexe, la maladie ne sera pas guérie...

Ce choc peut être à l’origine d’un véritable traumatisme car la personne est soudainement envahie par des émotions (la surprise, la peur, la colère, la tristesse…) dont l’intensité dépasse souvent celle que la personne a connu auparavant, et auxquelles viennent s’ajouter des questions sans réponses qui entretiennent continuellement des angoisses et un sentiment d'impuissance, d’injustice, de solitude, de mort « imminente », … la vie de l’individu se divise alors en deux : « la vie d’avant » et « la vie d’après » l’annonce de la maladie.

Le déni est souvent le premier réflexe pour se protéger contre cette véritable tempête intérieure à laquelle personne ne peut être préparée: qui accepterait sans mot dire de perdre le contrôle de sa vie quotidienne, de son corps... d’avoir le sentiment que ce dernier est défaillant, qu’il vous a abandonné et que vous êtes désormais dépendant d’une aide extérieure… de co-habiter dans la souffrance avec un « ennemi » qui menace à chaque instant de vous terrasser, et qui tôt ou tard pourrait bien finir par le faire, sans même vous prévenir... que vous l'ayez combattu courageusement ou non ? Personne ! Alors, lorsque la réalité ressemble à un véritable cauchemar, il est naturel et humain de vouloir y échapper, de se dire que c'est impossible, que l'on est en bonne santé, que ce n'est pas vrai, qu'il y a forcément une erreur, qu’un second avis médical infirmera le premier... Certaines personnes ont en effet la chance et la joie qu’un second diagnostic vienne infirmer le premier et reprennent ainsi le cours de leur vie après quelques jours de frayeur, fort heureusement vite oubliés… Pour d’autres malheureusement, la réalité est bien là… et il est souvent difficile d’y faire face…

 

Consulter un psy, un atout pour mieux faire face à la maladie 

 

Consulter un psychologue lorsque l’on a une maladie chronique est une décision qui doit être prise en fonction du besoin et des circonstances, tant il est vrai que chacune des nombreuses maladies chroniques a son propre tableau clinique ... et que les parcours de soins diffèrent d'une maladie à l'autre ... d'un patient à l'autre... mais mener un combat contre une maladie chronique n'est jamais anodin... c'est indubitablement un grand bouleversement de la vie, et parfois c’est même un combat pour la vie … et comme dans tout combat pour la vie, mieux vaut être bien armé et surtout ne pas lutter seul.

Avoir sa famille à ses côtés et des amis sur qui compter est bien sûr primordial. Mais les proches ne peuvent pas toujours répondre présent. D’une part, parce que la situation est souvent aussi difficile à vivre pour eux, au sens où ils peuvent être également sous l'emprise du choc et vivre, sans avoir la maladie, les mêmes états psychologiques que le malade... D’autre part, parce que, même s'ils ont fait le choix de devenir des aidants, leur énergie n’en est pas pour autant devenue infinie... et leur vie ne peut se réduire au fil du temps à une vie d’aidant. Or, c’est justement dans les moments difficiles, lorsque les émotions ont envahi le corps et l'esprit, et que le moral est atteint, qu’il est salutaire de les exprimer et d’être écouter par une personne de confiance qui saura les reconnaître et les accueillir avec bienveillance sans être impactée.

Dans ce contexte, consulter un psychologue, qui a développé une pratique de la psychothérapie auprès de personnes atteintes de maladies graves ou chroniques, peut s’avérer être bénéfique, pour « le malade » comme pour les aidants… Et ce dès l’annonce du diagnostic, non seulement car cela peut aider à « mieux » faire face à la réalité pour sortir rapidement de la phase de déni, mais aussi parce que cette phase n’est que la première d’une longue série d’épreuves qu’il lui faudra surmonter…

 

La psychothérapie, une expérience relationnelle souvent salutaire 

 

La psychothérapie va offrir au patient un cadre sécurisant (garanti notamment par la déontologie et le professionnalisme du psy) lui permettant de mettre des mots sur sa maladie, son ressenti, ses émotions... de confier ses états d’âmes en toute confidentialité à une personne qui sera inexorablement de son côté, sans contrepartie, sans jugement, sans attente particulière, sans objectif… hormis celui de l’aider à « aller mieux »… sachant que ce « mieux » sera défini par le patient lui-même, avec l'aide du psychothérapeute,  qui n'essayera en aucun cas d'imposer son opinion ou sa vision de ce qu'il faudrait faire pour aller mieux...

Cet espace thérapeutique va ainsi poser les bases pour construire une relation de confiance et offrir une liberté de parole qui seront propices au patient pour vivre pleinement ses émotions, être lui-même, révéler ce qu’il veut de son état de santé sans craindre que cela puisse impacter ou bouleverser la personne à qui il se confie, comme cela peut être le cas avec un proche, ce qui est souvent une cause d’inhibition…

En effet, les personnes atteintes d’une maladie grave ou chronique connaissent régulièrement des cycles au cours desquels elles sont affaiblies physiquement et psychologiquement. Parfois, certaines d’entre-elles perdent une partie ou la totalité de leur autonomie, quand bon nombre d’entre-elles perdent confiance et se sentent coupables d’être « un poids pour les autres », doutent ou redoutent de ne plus être aimées telles qu’elles sont, et ce indépendamment du dévouement et de l’amour de leurs proches. Dans cette situation, il arrive qu’elles choisissent de ne plus partager ce qu’elles vivent avec leur conjoint, leur famille, leurs amis, leurs relations professionnelles, par peur que ceux-ci changent d’attitudes à leur égard en les jugeant, en les prenant en pitié, ou en leurs donnant le sentiment d’être perçu comme une charge pour les autres.

Or, face à ces multiples difficultés, le psychothérapeute sait se positionner. Sa formation académique et pratique lui ont appris à faire la différence entre ce que ressent le patient et son propre ressenti, à prendre du recul pour libérer la parole de celui-ci, à l’écouter, l’observer, saisir son fonctionnement psychique, lui permettre de se reconnecter avec son être profond, l’aider à retrouver une cohérence entre son vécu, ses pensées et ses actions... Au cours des séances, le patient va pouvoir ainsi s’appuyer sur le psy pour se (re)connecter avec lui-même et entrer à nouveau en relation avec l’autre… Cette expérience thérapeutique lorsqu’elle est menée à bien permet d’apaiser la souffrance psychologique et de trouver une énergie nouvelle pour franchir avec succès les étapes du processus de reconstruction et d'acceptation de sa nouvelle vie, dans laquelle la maladie aura une place mais ... certainement pas toute la place...